Terminus oasis by Lawrence Osborne

Auteur:Lawrence Osborne [Lawrence Osborne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

— J’ignore le pourquoi du comment, déclarait Lord Swann, mais ici, le kif est plus fort qu’en Tunisie. Maribel m’a expliqué que ça lui provoquait des hallucinations. Dicky, je parie qu’un type le cultive exprès pour toi dans les collines.

— Je ne dévoilerai rien.

Le lord fit mine de se pâmer, et les jeunes femmes autour de lui, qui avaient le tiers de son âge, rirent sottement et sortirent leurs briquets.

— Vous voyez, les filles ? Quel polisson, ce Dicky. Lui et moi, ça fait des années que nous jouons au ping-pong ensemble à notre club, l’Athenaeum. Il me pile à chaque fois.

Installés en cercle de l’autre côté de la demeure, sur des coussins tribaux carrés, ils dégustaient du sorbet de clémentine servi dans des coupes en métal et agrémenté de croquants aux amandes. Les cracheurs de feu s’étaient dispersés pour manger avec le personnel ; la fête était devenue informelle et décontractée, comme Richard les aimait. Il gardait un œil sur son déroulement, mais intervenait rarement de façon directe. Il se pencha en arrière pour admirer les étoiles d’un éclat intense. Elles semblaient se rapprocher de la terre plutôt que s’en éloigner. Il songea calmement à Jo et à son moral. Tenait-elle le coup ? Il ne la trouvait nulle part. Quant à David, il roulait, roulait à travers le désert, et Richard lui avait menti sur toute la ligne, mais c’était nécessaire. Cet imbécile n’aurait jamais accepté de partir sans quelques édulcorations.

— J’ai appris qu’il y avait eu un accident, hier soir, lâcha Swann d’un ton impérieux. Il y a eu un blessé. Je me trompe ?

Richard expliqua tout.

— Ah, fit le lord en tirant sur sa cigarette de cannabis, allongé sur le dos, ses bottines Chelsea pointant vers le ciel telles de petites pierres tombales. Au clair de lune, on ne croise que des chiens enragés ou des Anglais1.

— Ça n’était encore jamais arrivé, précisa inutilement Richard.

On évoquait ses week-ends festifs dans des blogs partout en Europe, dans les magazines à sensation, et parfois même dans le New York Times. Il n’avait pas envie que leur réputation soit entachée.

— Où est-il, le balourd ? voulut savoir le lord.

— Nous l’avons envoyé à la mort dans le désert.

Swann pouffa de rire.

— Parfait. C’est mérité.

— Je comprends ce qui a pu se passer, déclara Richard d’un ton neutre, en plongeant sa cuillère dans son sorbet. Il a sans doute pris l’accélérateur pour la pédale de frein.

— J’ai eu un chauffeur comme ça, une fois. Je l’ai fait exécuter, lui aussi.

Une jeune femme arborant d’immenses boucles d’oreilles tribales pivota pour s’allonger sur le côté et chassa de ses yeux une épaisse mèche de cheveux d’un blond presque blanc.

— Je vois d’énormes reptiles partout, roucoula-t-elle.

— Maribel, arrête tout de suite de fumer.

— Toi aussi tu es un énorme reptile, papa.

Le lord rit.

— Quel numéro, celle-là. Elle a des hallucinations à tous les coups. Même quand elle boit un rhum-Coca.

— Moi je vois des pingouins, intervint Dally. Ils marchent au pas vers les greniers.

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